Les conséquences néfastes d’un sommeil perturbé sur la santé sont bien connues : augmentation des risques de maladies cardiaques, d’hypertension, d’anxiété… Mais une nouvelle étude vient d’ajouter un effet inattendu à cette liste : une plus grande susceptibilité aux théories du complot.
Une étude révélatrice
Des chercheurs de l’École de Psychologie de l’Université de Nottingham (Royaume-Uni) ont publié, le 12 mars, une étude dans la revue Journal of Health Psychology établissant un lien entre la qualité du sommeil et la propension à croire aux théories conspirationnistes. L’étude a été menée auprès de 1 000 volontaires et a mis en évidence une relation directe entre un sommeil de mauvaise qualité et une difficulté accrue à distinguer le vrai du faux, surtout lorsque la personne souffre également de symptômes dépressifs.
Un sommeil altéré, une pensée critique affaiblie
Dans une première phase de l’expérience, 540 participants ont été soumis à une évaluation de la qualité de leur sommeil à l’aide de questionnaires standardisés. Ces derniers portaient sur divers aspects tels que la facilité d’endormissement, la fréquence des réveils nocturnes et la sensation de repos au réveil.
Les chercheurs ont ensuite présenté aux participants deux versions différentes d’un article sur l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 :
- Un compte rendu factuel de l’accident
- Une version complotiste évoquant une dissimulation orchestrée (acte criminel religieux, complot gouvernemental, rituel satanique, etc.)
Les résultats sont clairs : les individus souffrant d’un mauvais sommeil ont montré une plus grande tendance à croire à la version complotiste que ceux ayant un sommeil réparateur.
La dépression, un facteur aggravant
La deuxième phase de l’étude, impliquant 575 volontaires, a confirmé ces observations. Après analyse des profils psychologiques, les chercheurs ont établi un lien direct entre l’insomnie et l’adhésion aux théories du complot, avec la dépression comme facteur principal.
Ces résultats suggèrent que le manque de sommeil affaiblit la pensée critique et alimente la paranoïa, rendant ainsi les individus plus vulnérables aux récits conspirationnistes.
Un enjeu de santé publique
Cette étude souligne l’importance du sommeil dans la préservation de nos capacités cognitives et notre résistance aux fausses informations. À l’ère des réseaux sociaux et de la surinformation, une bonne hygiène du sommeil pourrait bien être un rempart contre la désinformation et la manipulation cognitive.