La directrice générale de la Sacem, Cécile Rap-Veber, appelle à une régulation stricte des plateformes d’intelligence artificielle musicale, réclamant la mise en place d’accords de licence pour garantir la rémunération des auteurs, compositeurs et éditeurs dont les œuvres sont utilisées pour entraîner ces technologies.
En marge du festival South by Southwest (SXSW) de Londres, la patronne de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a comparé ces futurs partenariats à ceux établis avec les plateformes de streaming comme Deezer. « Il faut trouver une régulation qui force les compagnies d’IA à entrer en licence avec nous, un partenariat qui est exactement l’équivalent de celui qu’on a pu construire avec les plateformes digitales », a-t-elle expliqué à l’AFP.
Un système de licence pour encadrer l’IA générative
Cette régulation, selon Rap-Veber, permettrait d’imposer aux entreprises d’IA générative — telles que Udio ou Suno — le versement de droits d’auteur en fonction de leur chiffre d’affaires. Ces outils, qui reposent sur l’analyse de vastes catalogues musicaux pour produire de nouvelles créations, sont accusés par les artistes et les majors du disque de « piller » le patrimoine sonore mondial.
Bien que des discussions soient déjà en cours avec certaines entreprises du secteur, la directrice de la Sacem reste prudente. « Il ne faut jamais dire jamais », a-t-elle ajouté, suggérant qu’une solution négociée reste possible malgré l’absence actuelle de cadre légal.
Une bataille mondiale pour la régulation
Le débat ne se limite pas à la France. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, les gouvernements adoptent des positions bien plus libérales. Londres envisage même un assouplissement de sa législation sur la propriété intellectuelle pour faciliter l’accès des développeurs d’IA à des œuvres protégées. Une orientation vivement critiquée par de nombreux artistes, à commencer par Elton John, qui s’est fermement opposé à ce projet.
Face à cette dérégulation, les ayants droit européens redoutent une concurrence biaisée. La Sacem et d’autres organismes de gestion collective multiplient les appels à l’action pour éviter que les créateurs soient les grands oubliés de la révolution technologique.
Vers un modèle équitable ?
La situation actuelle rappelle celle des débuts du streaming, à une époque où les revenus générés par les plateformes numériques échappaient largement aux artistes. Pour Cécile Rap-Veber, l’histoire ne doit pas se répéter : « On est parvenu à mettre en place un système légal d’écoute de musique. » Le défi, désormais, est de construire un modèle équitable pour l’intelligence artificielle musicale — avant que celle-ci ne redessine définitivement les contours de la création sonore.