Un accord historique pour mieux préparer le monde aux pandémies
Dans une avancée qualifiée d’ »historique », les États membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont finalisé ce mercredi à Genève un accord international visant à renforcer la réponse mondiale aux pandémies. Fruit de plus de trois années de négociations, ce texte majeur sera présenté à la 78e Assemblée mondiale de la Santé en mai pour adoption.
Un consensus difficilement acquis
Lancé en pleine crise de la COVID-19, le processus de négociation a nécessité 13 cycles intensifs et parfois tendus de discussions, orchestrés par l’Organe intergouvernemental de négociation (OIN). L’aboutissement est salué par le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus :
« Les nations du monde entier ont marqué l’histoire aujourd’hui. »
Selon lui, ce nouvel accord « générationnel » illustre la capacité du multilatéralisme à survivre dans un monde divisé.
Des mesures concrètes pour un monde plus préparé
Le texte propose une série de mesures ambitieuses, parmi lesquelles :
- une approche « Une seule santé », reliant santé humaine, animale et environnementale ;
- le renforcement des systèmes de santé nationaux ;
- un mécanisme financier de coordination ;
- un réseau logistique mondial pour les urgences sanitaires ;
- un nouveau système d’accès et de partage des agents pathogènes et bénéfices associés.
L’accord prévoit aussi un soutien accru au transfert de technologies, ainsi qu’à la formation d’un personnel multidisciplinaire spécialisé dans la réponse aux crises sanitaires.
Respect de la souveraineté nationale
Fait notable, le projet affirme clairement que l’OMS ne pourra imposer aucune mesure contraignante aux États, que ce soit en matière de confinement, de vaccination ou de fermeture des frontières. Chaque pays reste souverain dans ses décisions de santé publique.
Des absences remarquées
Malgré le large consensus, les États-Unis, qui ont annoncé leur retrait de l’OMS en janvier dernier, n’ont pas pris part au dernier cycle de négociations. Ils ne seraient donc pas liés par cet accord.
L’équité au cœur du texte
Pour la co-présidente sud-africaine de l’OIN, Precious Matsoso, cette entente représente une avancée « décisive » vers une meilleure équité en santé mondiale. Elle rappelle :
« Les virus ne connaissent pas les frontières – personne n’est à l’abri tant que tout le monde ne l’est pas. »
Sa collègue française, Anne-Claire Amprou, insiste sur l’ambition du texte : « une architecture sanitaire mondiale plus robuste et plus juste ».
Tirer les leçons du passé
Cet accord entend tirer les enseignements de la pandémie de COVID-19, qui a mis en lumière les failles criantes des systèmes de santé mondiaux. Avec près de sept millions de morts et plus de 13 milliards de doses de vaccin administrées, la crise a été un électrochoc.
Tedros conclut avec une note tournée vers l’avenir :
« Cet accord est un héritage pour les générations futures. Il leur offrira un monde plus sûr et mieux préparé. »