Depuis janvier 2025, l’accès aux sites pour adultes est conditionné à une preuve d’âge. Une révolution réglementaire qui pourrait s’étendre à l’ensemble de l’Union européenne.
Une législation inédite entre protection des mineurs et respect de la vie privée
Depuis le 11 janvier 2025, la France applique une réglementation stricte concernant la vérification de l’âge sur Internet. Objectif : empêcher l’accès des mineurs aux contenus pornographiques, conformément à la loi SREN (Sécurisation et régulation de l’espace numérique). L’ARCOM, autorité chargée de faire appliquer la mesure, peut désormais bloquer tout site ne respectant pas cette obligation sous trois mois.
Concrètement, les internautes souhaitant accéder à ces sites doivent désormais passer par un prestataire tiers de vérification d’âge. Ce système garantit un double anonymat : le site ne connaît pas l’identité de l’utilisateur, et le vérificateur ignore à quel site la personne souhaite accéder.
Une réaction forte des plateformes
Face à cette réglementation, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le groupe Aylo, qui détient des plateformes comme Pornhub ou RedTube, a suspendu l’accès à ses sites en France, dénonçant une atteinte à la vie privée. Le gouvernement, lui, se défend : « Nous avons conçu une solution qui respecte le RGPD tout en protégeant les mineurs », a assuré la secrétaire d’État au numérique, Clara Chappaz.
Vers une extension aux réseaux sociaux
Mais la France ne compte pas s’arrêter là. Une autre loi, adoptée en 2023, prévoit de limiter l’accès aux réseaux sociaux aux mineurs de moins de 15 ans, sauf autorisation parentale. La mise en œuvre technique est attendue d’ici 2026. Le gouvernement plaide pour une harmonisation européenne, et 13 pays soutiennent cette initiative, avec le lancement dès juillet 2025 d’une application paneuropéenne de vérification d’âge.
Une question de société
Au cœur du débat, une question de fond : comment concilier protection des jeunes et respect des libertés numériques ? Des technologies comme la preuve à divulgation nulle de connaissance (Zero-Knowledge Proof) ou la reconnaissance faciale anonyme sont à l’étude, avec pour ambition de sécuriser Internet sans tracer ses utilisateurs.
Avec cette réforme, la France joue un rôle de pionnière en Europe. Reste à savoir si les citoyens – et les géants du web – suivront.