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L’Australie interdit YouTube aux moins de 16 ans

par Anne Jean
3 minutes lire

Après les réseaux sociaux, Canberra s’attaque à la plus grande plateforme vidéo pour protéger les mineurs des contenus jugés nuisibles.

L’Australie vient de franchir une nouvelle étape dans la régulation du numérique. À partir du 10 décembre 2025, les jeunes de moins de 16 ans n’auront plus le droit d’ouvrir de compte YouTube, conformément à une décision du gouvernement annoncée le 30 juillet. Déjà pionnière en matière de contrôle des réseaux sociaux, Canberra devient ainsi la première nation au monde à inclure YouTube dans son arsenal législatif de protection des mineurs.

Cette mesure s’inscrit dans la continuité de la Online Safety Amendment Act, une loi adoptée en novembre 2024, qui impose un âge minimum de 16 ans pour accéder aux plateformes telles que TikTok, Instagram, Facebook, Snapchat ou encore X (ex-Twitter). Jusqu’ici, YouTube bénéficiait d’une exemption, étant considéré comme un espace à forte vocation éducative. Mais le régulateur eSafety a révélé que plus de 37 % des mineurs australiens y avaient été exposés à des contenus préjudiciables : vidéos violentes, discours haineux, défis dangereux ou encore propagande misogyne.

Face à ces chiffres, le gouvernement d’Anthony Albanese a décidé de revoir sa position. Les plateformes seront désormais dans l’obligation de vérifier l’âge de leurs utilisateurs et de supprimer les comptes des moins de 16 ans sous peine d’amendes pouvant atteindre 49,5 millions de dollars australiens (environ 33 millions d’euros).

Si YouTube Kids, les plateformes éducatives et certains services de messagerie resteront accessibles, les jeunes utilisateurs ne pourront plus interagir ni publier sur YouTube via un compte personnel. Ils pourront néanmoins visionner des vidéos sans être connectés ou sous la supervision d’un adulte.

YouTube vent debout contre cette décision

La réaction de YouTube ne s’est pas fait attendre. L’entreprise, filiale de Google, a fermement contesté cette inclusion, arguant qu’elle n’est pas un réseau social au sens classique et qu’une telle interdiction risque de priver les jeunes d’une précieuse ressource d’apprentissage.

Des experts en éducation numérique abondent dans ce sens, dénonçant une approche trop radicale. « En empêchant les adolescents d’avoir un compte, on les prive aussi des outils de contrôle parental et des paramètres de sécurité spécifiques », souligne l’analyste en cybersécurité Jane Thompson. Plusieurs voix alertent également sur le risque d’un contournement massif par les jeunes eux-mêmes, via des comptes adultes ou des VPN.

Un modèle pour d’autres pays ?

Malgré les critiques, le gouvernement australien assume son choix. « Notre priorité est la sécurité des enfants. Les plateformes ont montré qu’elles ne peuvent pas s’autoréguler efficacement », a déclaré la ministre de la Sécurité en ligne Julie Inman Grant.

La décision australienne est scrutée de près à l’international. En Europe et aux États-Unis, où les débats sur la régulation des réseaux sociaux font rage, plusieurs responsables politiques envisagent déjà de s’inspirer de Canberra pour durcir leurs propres législations.

L’équilibre entre protection des mineurs et accès à l’éducation numérique s’annonce comme l’un des grands défis des années à venir.

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