Les autorités turques ouvrent une enquête contre Spotify pour des playlists jugées « provocatrices »
Istanbul – 7 juillet 2025
La plateforme de streaming musical Spotify fait l’objet d’une double enquête en Turquie : l’une pour des contenus considérés comme offensants, l’autre pour des pratiques anticoncurrentielles. Cette affaire met en lumière les tensions croissantes entre régulation nationale et liberté des contenus numériques.
Des playlists « contraires aux valeurs nationales »
Le ministère turc de la Culture et du Tourisme a annoncé l’ouverture d’une enquête à la suite de plaintes concernant certaines playlists hébergées sur Spotify. Celles-ci auraient, selon les autorités, des titres ou descriptions jugés provocateurs, voire offensants envers les valeurs morales, religieuses ou nationales de la Turquie.
« Nous avons informé Spotify à plusieurs reprises. Malgré nos avertissements, ces contenus n’ont pas été retirés », a déclaré Batuhan Mumcu, vice-ministre de la Culture, ajoutant qu’il suivrait personnellement le dossier.
Aucun titre de playlist n’a été officiellement mentionné, mais certains médias turcs évoquent des noms jugés blasphématoires ou politiquement sensibles.
Une enquête parallèle pour pratiques anticoncurrentielles
En parallèle, l’Autorité de la concurrence turque a ouvert une enquête antitrust contre la plateforme. Les autorités soupçonnent Spotify de tirer parti de ses algorithmes et de ses accords de licence pour favoriser certains artistes ou contenus au détriment d’autres, faussant ainsi la concurrence avec d’autres plateformes locales ou régionales.
La réponse de Spotify
Spotify, qui revendique plus de 600 millions d’utilisateurs dans le monde, a réagi sobrement, déclarant qu’il respecte les lois en vigueur dans chaque pays où il opère.
« Nous prenons très au sérieux nos obligations légales et coopérons avec les autorités compétentes », a précisé un porte-parole.
Une régulation numérique sous tension
Ce nouveau bras de fer entre un géant du streaming et un État illustre les frictions croissantes autour de la régulation des contenus numériques. La Turquie, régulièrement critiquée pour ses atteintes à la liberté d’expression, a ces dernières années renforcé le contrôle des contenus en ligne, en particulier sur les réseaux sociaux et les plateformes internationales.
Spotify n’est pas la première entreprise étrangère visée : YouTube, Twitter (aujourd’hui X) et TikTok ont également fait l’objet de pressions, de sanctions ou de blocages temporaires dans le pays.
