Mississippi : Exécution de Richard Jordan, après près de 50 ans dans le couloir de la mort
Jackson (Mississippi) – Richard Jordan, 79 ans, l’un des plus anciens détenus du couloir de la mort aux États-Unis, a été exécuté mercredi 25 juin par injection létale, marquant ainsi la première exécution dans l’État du Mississippi depuis décembre 2022.
Condamné pour un crime remontant à près d’un demi-siècle, Jordan avait été reconnu coupable de l’enlèvement et du meurtre en 1976 d’Edwina Marter, une femme de 34 ans, épouse d’un dirigeant bancaire. Son exécution, attendue depuis plusieurs décennies, a mis fin à l’une des incarcérations les plus longues du pays pour un condamné à mort.
Une procédure judiciaire marquée par les retards
Le cas de Richard Jordan a été au cœur de multiples rebondissements judiciaires. Sa condamnation à mort avait été annulée puis rétablie à plusieurs reprises au fil des décennies, au gré des appels et des changements dans la législation et la jurisprudence. Au cours de ces 49 années, Jordan a vu plusieurs exécutions suspendues et a passé la quasi-totalité de sa vie en prison, dans des conditions souvent dénoncées par les défenseurs des droits humains.
Un contexte national tendu autour de la peine capitale
L’exécution de Jordan survient dans un climat national marqué par des débats de plus en plus vifs autour de la peine de mort. Il s’agissait de la deuxième exécution aux États-Unis cette semaine, après celle de Thomas Gudinas, 51 ans, mardi en Floride, condamné pour un viol et un meurtre commis en 1994.
Depuis le début de l’année, 25 exécutions ont été menées à travers le pays. Si la majorité – vingt – l’ont été par injection létale, de nouvelles méthodes controversées ont fait leur apparition : trois exécutions ont eu lieu par inhalation d’azote, une méthode récemment introduite en Alabama et vivement critiquée par les Nations unies comme une forme potentielle de torture. Deux exécutions ont également été réalisées par peloton d’exécution en Caroline du Sud – une première depuis 2010 aux États-Unis.
Une peine de plus en plus contestée
Aujourd’hui, 23 États américains ont aboli la peine de mort. Trois autres – la Californie, l’Oregon et la Pennsylvanie – appliquent un moratoire sur les exécutions, en vertu de décisions des gouverneurs en place.
Les défenseurs de la peine capitale soulignent son rôle dissuasif, tandis que ses opposants pointent son coût élevé, son caractère irréversible, et les risques d’erreurs judiciaires. Le cas de Richard Jordan, avec sa durée exceptionnelle et ses multiples renversements de verdict, alimente ces controverses et pose la question : quelle justice est rendue quand elle prend un demi-siècle à s’exécuter ?