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Des vidéoclips haïtiens

par Orso Antonio DORELUS
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En écrivant ce papier, je garde encore dans ma mémoire la vidéo de la chanson «Thriller » de Micheal Jakson, celle-ci qui a révolutionné l’histoire du vidéoclip. Tout comme je garde encore le souvenir du vidéoclip de la formation Nou 2, « Pou Ayiti ». Sans oublier le choix délibéré de Samuel F. Suffren dans la réalisation du clip «Erzulie» de l’artiste Erol Josué. C’est du grand art! 

 
Certains réalisateurs des vidéoclips haïtiens, soit qu’ils font un déficit d’imagination créatrice, soit qu’ils prennent des dictées des commanditaires en présumant que le public haïtien n’est pas à la hauteur pour interpréter des symboles métaphoriques.


Ces vidéoclips ne favorisent pas la réflexion pour sortir du réalisme narratif. Ils ne permettent pas aux gens de sortir du schéma classique pour expérimenter l’indicible par le visible. Ainsi, chaque vidéoclip se voit esclave de la narration verbale de la composition ou la chanson. Quel sens cela a-t-il d’illustrer le texte servilement, si l’idée est de faire une œuvre d’art? La réception d’une narration verbale ou sonore n’est-elle pas déjà imagée ou illustrative? Dans quel sens peut-on saisir le talent d’un réalisateur, s’il n’arrive pas à sortir de l’énonciation littéraire pour proposer une autre forme du voir verbale ou phonographique? Est-ce qu’on a vraiment besoin qu’on transpose le discours verbale en discours d’accouplement phono-visuelle ou audiovisuelle, si cela ne consiste pas à débloquer notre imaginaire pour une vraie communion visuelle et réflexive?


Donc, dans ces clips, il n’y a pas de symboles. Il n’y a pas de discours futuristes, allégoriques, surréalistes, de rhétorique visuelle pour ainsi dire la beauté artistique qu’on recherche dans les effets visuels se voit aphasique dans la circulation des images qui font le culte anatomique, narcissique, snobisme, etc. Des images qui s’inscrivent dans une opération de forte chromatique, de chirurgie virtuelle et de jeux de luminosités intenses pour une technique de dépigment vidéographique. La démarche est plate et s’évertue à détruire toute tentative de poésie visuelle. Enfin, ce sont des images combinées qui partent du registre du premier degré avec l’intention de faire une œuvre d’art mais éphémère parce qu’il suffit après cinq années pour voir la mauvaise teinture de ces images. 

En ce qui concerne les différents plans ou cadres, ils sont aléatoires pour ne pas dire qu’ils partent dans tous les sens. Le choix de la profondeur, le choix de l’exposition du sujet, le choix de la composition, le choix de la taille ou échelle, agrandissement du sujet, ces techniques narratives vidéographiques sont employées de mauvaises grâce. 


Ces réalisateurs entendent seulement mettre le son en image comme quoi celui-ci ne fut pas déjà image. D’ailleurs l’ouïe entant que sens qui coordonne tous les autres sens, ne peut pas poser et capter le son sans se référer au mental dans sa structure animiste: matière et nomination. Autrement dit, la réception primaire ou perceptive d’une énonciation verbale, s’accompagne toujours d’un mime primaire. C’est dans le filtrage du cerveau et les montages qui seront opérés par l’imagination qu’elle sort du sens littéral ou primitif pour devenir langages, signes métaphoriques. C’est seulement quand cela arrive qu’on peut parler d’une créativité ou d’une œuvre artistiquement travaillée dans le sens poiësis du terme.

Si un vidéoclip est un support visuel qui accompagne une chanson, le réalisateur est appelé à créer le beau. Qu’est-ce que le beau? C’est l’attaque du quotidien, du déjà là. 

Orso Antonio Dorélus

orsodoranto@gmail.com

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