Douglas Altshuler, ancien salarié de SpaceX, accuse l’entreprise d’avoir ignoré son handicap et pratiqué un management brutal, aux limites de la légalité.
À première vue, SpaceX incarne le rêve technologique et l’innovation spatiale. Mais derrière cette vitrine, le quotidien des employés peut parfois virer au cauchemar. Douglas Altshuler, 58 ans, en a fait les frais. Ancien employé de l’entreprise fondée par Elon Musk, il affirme avoir été licencié en début d’année 2025 pour une raison surprenante : ses fréquents passages aux toilettes, liés à une maladie chronique.
Atteint de la maladie de Crohn, une pathologie inflammatoire de l’intestin reconnue comme un handicap, Altshuler avait besoin d’accéder régulièrement aux sanitaires, jusqu’à quatorze fois par jour. Un besoin médicalement documenté et appuyé par un mémo de son médecin. Pourtant, selon lui, SpaceX n’a pris aucune disposition pour l’accommoder.
Des pauses minutées, des humiliations quotidiennes
Altshuler affirme avoir été soumis à des humiliations régulières. Les pauses toilettes étaient chronométrées : au-delà de dix minutes, un avertissement écrit tombait dans la journée. Ses pauses déjeuner ont été raccourcies, son salaire diminué, et il dit avoir été moqué et isolé par sa hiérarchie. Le tout dans un climat de pressions constantes, jusqu’à son licenciement — survenu peu après qu’il a dénoncé des conditions de travail dégradantes et des violations des règles de sécurité.
Cette affaire vient s’ajouter à une série de révélations inquiétantes concernant les pratiques des entreprises dirigées par Elon Musk. En 2024, une enquête de Reuters révélait que les accidents du travail étaient cinq à neuf fois plus fréquents chez SpaceX que dans les autres entreprises du secteur aérospatial. Tesla, autre fleuron de l’empire Musk, a été éclaboussée par des accusations de racisme systémique.
La face sombre du rêve technologique
Ces témoignages dressent le portrait d’un management autoritaire, focalisé sur la performance à tout prix, souvent au mépris des droits fondamentaux des employés. L’exigence de résultats semble primer sur toute considération humaine, dans une logique quasi industrielle où l’humain devient variable d’ajustement.
Contactée, SpaceX n’a pas souhaité commenter ces accusations
Dans un monde où les entreprises technologiques façonnent l’avenir, cette affaire rappelle que le progrès ne saurait s’affranchir de l’éthique. Et qu’aucune ambition, si grandiose soit-elle, ne devrait justifier la mise à l’écart de ceux qui travaillent à la concrétiser.
